J’ai huit ans. Notre enseignante nous annonce que tout notre niveau doit se rendre immédiatement à la salle des dîneurs. Un écrivain vient nous visiter et va nous parler de son métier. Génial. Je me mets en rang avec les autres et la chenille à mille pattes d’élèves du plus petit au plus grand se met en branle vers la grande salle.
On s’assoit tous par terre devant l’écrivain. C’est une femme. Ah, je pensais que c’était juste des messieurs qui écrivaient. C’est bien. Elle doit être bien bonne en écriture. En tous cas, elle ressemble à nos enseignantes. Elle se met à nous parler de ses livres pour enfants. Elle en a un que c’est une baignoire qui marche. Oui, ça me dit quelque chose, j’ai vu ça à la bibliothèque. Son dernier, c’est une maison qui n’est pas contente d’avoir été vendue et de se retrouver avec de nouveaux propriétaires alors elle devient pas fine. L’écrivain nous raconte que son histoire est basée sur une véritable mésaventure qu’elle a eu quand elle a acheté une maison qui était toute croche. Les anciens propriétaires de son achat étaient fâchés lorsqu’ils ont su qu’elle avait écrit une histoire sur leur maison. C’est un des désavantages d’être écrivain que d’écrire sur des gens qui se fâchent ensuite.
Je réfléchis à des histoires que je pourrais écrire à partir d’événements qui me sont arrivés. C’est amusant, je pourrais faire ça moi aussi. Il faut juste faire attention à partir que qui on invente. Ensuite elle nous parle d’une autre sorte d’ouvrage. Elle a écrit un livre qui explique comment on fait un livre. Il faut faire beaucoup de recherche pour écrire la vérité dans un bouquin qui explique. Et ensuite, quelqu’un d’autre vérifie tout ce qu’on a écrit. Tout compte fait, je pense que j’aime mieux m’en tenir aux histoires d’imagination.
L’écrivain dit ensuite quelque chose d’extraordinaire. Elle dit qu’on n’a pas besoin de diplôme pour écrire. Ce n’est pas un métier qui s’apprend à l’école avec un professeur. Si on aime écrire, on prend un crayon et on écrit, c’est tout. Puis quand on a un livre, on l’emmène à un monsieur, l’éditeur, et il va tout arranger ça pour le faire imprimer et le mettre dans les bibliothèques. C’est merveilleux! Ça veut dire que moi aussi je peux être écrivain! Je suis bonne dans les histoires, mon prof me l’a dit. Alors je vais être une écrivain-femme plus tard.
L’écrivain qui est venue nous parler en 1986 et qui m’a convaincue que je pouvais écrire a du métier. Il s’agit de Bernadette Renaud.
"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire